M. Malcolm LEON a présenté ses travaux en soutenance le 1er avril 2022 à 15h30

à l’adresse suivante : Salle Waline, bâtiment E10, 15 rue Sainte Opportune, 86073 Poitiers

En vue de l’obtention du diplôme de : Doctorat en Science Politique

Titre des travaux : La rivalité sino-américaine dans le cadre de l’innovation militaire, le cas des drones aériens

Directeur : M. Jean-Vincent HOLEINDRE

Membres du jury :

M. Olivier SCHMITT, Professeur des Universités, Université du Sud Danemark
M. Renaud BELLAIS, Conseiller spécial du directeur de MBDA Systems, MBDA-Systems
M. Olivier CHOPIN, Chercheur associé, École des hautes études en sciences sociales (EHESS)
Mme Alice EKMAN, Chargée de recherche, Institut d’études de sécurité de l’Union européenne
M. Jean-Vincent HOLEINDRE, Professeur des Universités, Université Paris 2 Panthéon-Assas
Mme Océane ZUBELDIA, Chargée de recherche Institut de recherche stratégique de l’école militaire
M. Philippe LAGRANGE, Professeur des Universités, Université de Poitiers
M. Dominique BREILLAT, Professeur émérite, Université de Poitiers

Résumé de ses travaux :

Les drones prennent une part de plus en plus importante dans les opérations aériennes de nombreux pays, en particulier dans le cadre de la lutte contre les groupes armés non‑étatiques. Les grandes puissances, en particulier les États-Unis et la Chine, développent également des drones de combat et pensent leurs cadres d’emploi dans des conflits de haute intensité.

Les États-Unis conduisent des programmes de développement de drones depuis le début du XXème siècle et ont réussi à dépasser de nombreuses difficultés techniques à l’aide d’Israël, état pionnier en la matière. L’entrée en service du Predator en 1995 a marqué un changement militaire majeur pour les forces américaines. Mais depuis, le développement de nouveaux systèmes et leur emploi dans des concepts opérationnels innovants ont été fortement ralentis face, entre autres, aux contraintes budgétaires et bureaucratiques au sein du Department of Defense. Le Pentagone envisageait dès 2000 des essaims de drones de combat autonomes à l’horizon 2020 dans le cadre d’opérations aériennes d’entrée en premier. Aujourd’hui, il n’en est rien.

La Chine s’équipe également de ce même type de systèmes. Elle a bénéficié dès la fin des années cinquante du soutien soviétique en la matière. Elle en a également acheté à Israël en 1994. Développant désormais des drones indigènes, Pékin investit massivement dans ces systèmes depuis le début des années 2000. La Chine se dote et exporte aujourd’hui des systèmes similaires au Predator et Reaper, mais également des systèmes originaux, répondant à ses besoins stratégiques, opératifs et tactiques particuliers. Ainsi, Pékin a en grande partie rattrapé son retard technologique et semble plus prompt à s’équiper et opérer des drones aériens dans des stratégies de dissuasion et de coercition dans sa périphérie. Ainsi, le changement militaire apporté par les drones au sein de l’Armée Populaire de Libération semble plus prégnant qu’aux États-Unis.

Quels ont été les facteurs et les freins à l’innovation militaire en Chine et aux États-Unis dans le cas des drones aériens ?

Ces différences dans l’amplitude du changement militaire nous invitent à une relecture des modèles de l’innovation militaire et de sa diffusion au regard des systèmes non-habités. S’il apparaît que cette innovation militaire s’est bien diffusée entre Israël, les États-Unis et la Chine, cette dernière a réalisé une réinnovation selon ses propres caractéristiques lui permettant d’implémenter en profondeur ces appareils dans sa structure de force. Favorisée par les exportations chinoises, la prolifération de ces systèmes dans des zones de tensions régionales soulèvent d’autres problématiques, en particulier quant aux formes de conflictualités induites par les drones aériens.

Les drones ne peuvent aujourd’hui opérer dans des espaces fortement contestés. Cependant, leur permanence aérienne en fait des systèmes adaptés à des stratégies de dissuasion, de coercition et de conflits dissymétriques. Par la diffusion massive de ces systèmes, ils sont aujourd’hui employés dans le cadre de guerres civiles comme en Lybie, mais également par des groupes non-étatiques, en particulier au Moyen-Orient. Enfin, ces appareils offrent de nouvelles capacités aux armées plus faiblement dotées, comme l’a montré le conflit au Haut-Karabagh en 2020.

Mots-clés :
Drones — Chine — États-Unis — Innovation militaire

 

 

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